Trahie par son amie, une riche Parisienne braquée pour une bague à trois millions d’euros (Le Parisien)
Cinq personnes soupçonnées d’être impliquées dans le vol à main armée d’une somptueuse bague à Paris ont été renvoyées en correctionnelle. Parmi elles : un voyou, un joaillier et une amie de la victime.
La victime du braquage s’est constituée partie civile afin d’obtenir réparation de son préjudice. Cette dernière s’est faite assistée par Maître Avner Doukhan, un avocat spécialiste du droit pénal inscrit au barreau de Paris.
Le Bristol, le Peninsula, le Flandrin… La liste des établissements de luxe fréquentés par Danielle (le prénom a été changé) donne une idée de sa fortune. Ses rendez-vous sous les dorures des palaces parisiens, elle s’y rend au volant de ses deux Ferrari. À 49 ans, cette Parisienne opulente dirige des sociétés immobilières florissantes. À son poignet, elle porte des montres de grande marque. À son doigt, une bague incroyable offerte par sa mère : un anneau en or serti de pierres précieuses, dont un imposant diamant de 17 carats. Valeur estimée : 3 millions d’euros! De quoi susciter des convoitises…
Le 17 janvier, après deux ans et demi d’enquête, cinq personnes soupçonnées d’être impliquées à divers degrés dans le vol du précieux bijou de Danielle ont été renvoyées devant le tribunal correctionnel de Paris. Parmi eux, un délinquant, un étudiant, un joaillier et même une proche amie de la victime. Tous sont mis en examen pour des faits de nature criminelle. Mais dans son ordonnance, la juge d’instruction explique avoir finalement retenu « par opportunité » des charges délictuelles : vol en réunion, association de malfaiteurs…
Ce 22 mai 2017, Danielle dîne avec sa meilleure amie, Tew S., et leurs enfants respectifs dans son appartement huppé du XVIe arrondissement de Paris. Un rituel quasi-quotidien pour ces deux inséparables. Vers 23 heures, les plats viennent d’être débarrassés quand l’interphone sonne. Le fils de Danielle, 9 ans, pense qu’il s’agit de la livraison d’une énième commande « express » sur Amazon. Il ouvre la porte.
La victime avait tenté de cacher sa bague dans le panier du chien
Deux hommes en noir font alors irruption, masqués et porteurs de casques de motos. L’un exhibe un pistolet Glock, l’autre une bombe lacrymogène. « Asseyez-vous par terre! » menacent-ils. Et demandent : « Où est le coffre? » Danielle est giflée. Son fils aîné de 17 ans se retrouve avec le calibre pointé sur la tempe. Dans la confusion, la mère tente de cacher sa précieuse bague dans le panier du chien. Peine perdue. Les malfaiteurs embarquent le bijou ainsi que deux montres AudemarsPiguet d’une valeur de 180 000 euros. Dix minutes plus tard, les voilà qui s’engouffrent dans une BMW X5 grise et disparaissent dans les rues de Paris.
Saisis, les policiers de la brigade de répression du banditisme (BRB) de la PJ de Paris en sont convaincus : les voleurs étaient très bien « rencardés ». L’exploitation de la vidéosurveillance de l’immeuble révèle que le duo s’est dirigé vers l’appartement de Danielle sans aucune hésitation. Pire, ils ont détourné le regard au passage de la caméra ! Les enquêteurs penchent donc pour la piste d’une complicité dans l’entourage de la victime.
Trompée par un «grand frère» et sa meilleure amie
Le compagnon de Danielle est ainsi présenté par les enquêteurs comme « un courtisan » qui vit aux crochets de celle-ci. Un temps suspecté puisque connu pour des vols et escroqueries, il est finalement mis hors de cause. En revanche, l’une de ses connaissances intéresse les policiers : Mohamed C., un délinquant à la réputation de « gros bras et de recouvreur de dettes ». Cet homme de 41 ans avait été présenté à Danielle car celle-ci cherchait un « grand frère » susceptible de remettre son aîné, en pleine crise d’adolescence, sur le droit chemin.
Curieusement, Mohamed C. circule… dans un véhicule identique à celui des voleurs. Mais il y a plus troublant. Le suspect a eu de nombreux contacts téléphoniques avec une certaine Tew S. les semaines précédant le braquage, d’abord avec leurs lignes officielles puis avec des téléphones dédiés. Il s’agit de la fameuse amie de Danielle, considérée jusqu’alors comme victime. Le soir du cambriolage, cette quadragénaire déjà condamnée pour des arnaques plus jeune avait été épargnée de toute violence…
Surveillés et écoutés par les enquêteurs, Tew S. et Mohamed C. se trahissent au téléphone. Dans une discussion avec une amie, la première accuse le second d’être l’un des braqueurs. Quant à Mohamed C., il se démène pour écouler une « pierre précieuse », dont il ne dispose d’aucun certificat, pour un prix entre 900 000 et 1,7 million d’euros. Il se présente tour à tour à ses interlocuteurs comme un diplomate ou un fils de dignitaires guinéens ayant hérité de ce joyau.
Des joailliers pas très brillants
Il fait appel à deux intermédiaires pour trouver un acheteur. D’abord à Jordan B., un joaillier professionnel peu scrupuleux. Convaincu de l’origine frauduleuse de la pierre, ce dernier envisage même de la dérober lors de la transaction ! « Il va vendre la pierre à un mec, y’a un mec qui vient avec l’oseille […] On soulève le mec et on l’envoie au casse-pipe », fanfaronne-t-il dans une écoute. « Un délire », se défendra-t-il en garde à vue.
Mohamed C. se tourne aussi vers Abdel B., gérant de salons de coiffure. Ce dernier déniche deux diamantaires d’Anvers intéressés par la pierre. Une rencontre est organisée à Paris dont le coiffeur espère tirer une commission sur la vente. Pour sa défense, il déclarera qu’il ignorait que le joyau était le fruit d’un vol. « Mon client maintient avec fermeté n’avoir commis aucun acte délictueux. Il a un certain âge et n’évolue aucunement dans le monde de la délinquance », assure son avocat pénaliste.
Le 16 janvier 2018, les policiers de la BRB passent à l’action. Dans la sacoche de Mohamed C., ils saisissent un diamant blanc de 17 carats, identique à la pierre montée sur la bague de la partie civile représentée par son avocat pénaliste, Maître Avner Doukhan. Le reste du bijou, en revanche, reste introuvable. Seuls les diamantaires belges sont relâchés sans charges. Mohamed C., Tew S. et les deux intermédiaires sont présentés à une juge d’instruction. Écroués, le voyou et l’amie se rejettent la paternité du casse.
«Je n’ai rien fait d’autre que lui donner des infos»
« Je reconnais le recel, mais je ne suis jamais monté dans cette maison pour braquer cette famille. Faire du mal à des enfants, c’est vil », déclare Mohamed C. en audition. Une position qu’il tiendra jusqu’à la fin de l’instruction. « Mon client reconnaît avoir exfiltré les auteurs du braquage, mais réfute être l’un d’eux. Pour lui, ces derniers ont été engagés par Tew S. », développe son avocat spécialisé en droit pénal.
L’intéressée, elle, conteste formellement et désigne Mohamed C. comme le plus petit des deux braqueurs et l’unique instigateur. « Je n’ai rien fait d’autre que lui donner des infos, c’est tout, glisse Tew S. aux enquêteurs. Il m’a proposé de l’aider à monter un coup pour voler la bague afin de payer mes dettes. » Pour cette employée d’un magasin de sport, qui dit regretter le mal causé à son amie, le plan ne devait comporter ni arme ni violence. « Dans un contexte de fragilité psychologique, ma cliente a été manipulée par l’autre mis en cause, plaide son avocate pénaliste. Elle n’a rien commandité et a été dépassée par les faits. »
Dans ce casting détonnant, il manque le second braqueur. En explorant les contacts de Mohamed C., les enquêteurs identifient un certain Kimgue D., étudiant en école de commerce et livreur pour Deliveroo. Le soir du braquage, son téléphone déclenche une antenne-relais près de l’appartement de Danielle. Interpellé le 16 mai 2018 puis mis en examen, il justifie sa présence dans le quartier… par ses livraisons de nourriture.
Comme dans ce dossier, vous pouvez faire appel au cabinet de l’avocat Avner Doukhan spécialiste du droit pénal, afin d’obtenir réparation du préjudice que vous avez subi.
Voir aussi :
Deux amis, un diamant à 3 millions d’euros et un braquage (L’OBS) – 28 juin 2020
Une bague à 3 millions d’euros volée à Paris, une amie de la victime et un joaillier parmi les suspects (Ouest-France) – 17 février 2020